LES COULISSES DES BOUTIQUES VINTAGE EN LIGNE. PARTIE 1 : LE DRESSING DU PASSÉ AVEC L’ATELIER 1985

I am back ! 

Amis du vintage, des friperies en ligne ou bien curieux d’apprendre de nouvelle choses, cet article est pour vous.

Si je vous gonfle avec les vieux chiffons, je vous invite donc à vous arrêter à ces premières lignes car je ne veux pas être tenue responsable d’une quelconque overdose ! 

Aujourd’hui nous ouvrons la première partie d’un petit reportage dédié aux entrepreneuses seconde main vintage. En effet, cet article va être découpé en deux parties pour mieux appréhender le sujet mais aussi avoir deux points de vues : une pour le côté vêtement et une seconde partie pour les accessoires et objets.

Pourquoi cet article ? L’idée m’est venue en entendant certaines réflexions à propos des prix pratiqués par des friperies en ligne : « C’est pas du neuf, franchement c’est cher » « Faut pas abusé, c’est pas non plus à la mode ».

Je vous avoue que parfois je trouve des tarifs plutôt élevés dans certaines friperies mais cela reste exceptionnel.

Pour le reste, j’ai décidé de me pencher sur la question et de comprendre le pourquoi du comment car vous l’aurez compris avec le temps, votre Pirate est très curieuse et aime avoir connaissance de tout ce qui se cache derrière un produit qu’elle achète (et voilà que je parle à la troisième personne, Alain Delon sort de ce corps !) 

C’est notamment grâce à Anaïs et à la vision à l’expérience que j’ai vécu du « backstage » de son Atelier que j’ai eu des réponses à mes questions et comprendre que les gens ignorent tout de ce qui est fait en amont de la photo qu’ils voient au moment de l’achat et qui pourtant justifie le prix affiché.  

Alors je me suis dit que j’allais mener l’enquête du mieux que je peux, vous écrire des belles lignes en tentant d’être « crystal clear » comme je disais mon ancien chef et finalement je me suis dit « qui de mieux que la principale intéressée pour tout expliquer ? »  

Attachez vos ceintures, car c’est dans l’univers pop et coloré d’Anaïs qui est à la tête de l’Atelier 1985 que je vous emmène aujourd’hui. En voiture Simone !

Anaïs est une femme dynamique, souriante, pétillante, sensible et adorable de 35 ans, maman de deux chats, originaire de la même ville que moi dans l’Oise. Il y a deux ans, elle se lance dans le projet en ligne de l’Atelier 1985, véritable affaire de famille qui propose des jolies pièces vintage chinées avec soin, restaurée avec attention par sa mère, parfois transformées pour donner une seconde vie à des beautés qui semblait être perdues d’avance et des pièces de décorations upcyclées par son papa. 

Quand on lui demande pourquoi avoir choisi le nom Atelier 1985, elle répond « c’est parce que c’est mon année de naissance et l’année de mariage de mes parents. Et puis les années 80, c’est tellement cool ! ». Pétillante je vous ai dit ! On continue l’immersion dans son univers pour comprendre comment lui est venue l’idée de son projet, quel univers elle a voulu lui donner et surtout comment elle s’est lancée.

« C’est sûrement très peu original mais j’ai l’impression d’avoir baigné dans les sapes depuis que je suis enfant. Avec de goûts parfois spéciaux pour une petite fille ! J’ai eu mon premier perfecto à 8 ans, et j’adorais les pulls brodés de chats, ainsi que les fausses fourrures. J’étais très diva, je fouillais dans les malles de vêtements de ma tante, j’essayais ses chaussures trop grandes pour moi, je marchais en talons, je chinais dans le coffret à bijoux eighties de ma mère… Bref, le goût des vêtements, c’est venu tôt. Ensuite, chiner, c’est venu un peu plus tard, surtout avec ma mère. Quand j’ai eu mon premier appart d’adulte, je n’avais pas un rond. Alors on a chiné chez Emmaüs une table, des assiettes, des petits meubles. On les a relooké ensemble, c’était super de faire ça en famille, tous les trois. On ne s’est jamais arrêté depuis !

Très vite, des meubles, je suis allée au rayon fringues des recycleries. Je n’ai jamais eu aucun problème à porter les vêtements des autres. Je le faisais déjà petite, je trouvais qu’ils avaient souvent plus de style ! J’ai d’abord chiné pour moi, puis pour les copines. Assez vite j’ai eu du mal à laisser une belle pièce, même si elle n’était pas à ma taille. A l’époque, je vivais dans une grande maison et je stockais tout ça dans une chambre inoccupée. Un jour ma mère m’a suggéré de les vendre. Tout a débuté comme ça ! J’ai ensuite créé un compte Instagram et le bouche à oreille s’est mis en place, lentement mais surement. 

En ce qui concerne mon univers, je dirais qu’il est assez perso, assez familial. Mes modèles sont aussi mes copines ! C’est très important pour moi : je veux travailler et m’amuser également. D’ailleurs, finalement, avec les vêtements vintage c’est pareil, c’est une source inépuisable d’amusement ! »

L’Atelier 1985 n’est pas son activité principale bien qu’elle aimerait que ce soit le cas. Elle jongle entre son job de responsable de communication pour une collectivité et son Atelier. Elle passe son temps de libre à chiner : le midi, les week-ends, les vacances. Elle confie « Il m’est arrivé de débusquer des sapes vintage en Bretagne, en Baie de Somme mais aussi à Bali ! Toute occasion est bonne à prendre. Heureusement, ma famille, mon conjoint, tout le monde est au courant et plus personne ne trouve ça bizarre de me voir rentrer de vacances avec une valise supplémentaire. »

Puis j’ai tenté de comprendre comment elle sélectionne les pièces pour l’Atelier. Est-ce qu’elle sélectionne les pépites qu’elle déniche selon ses goûts? Est-ce qu’elle se renseigne sur les tendances actuelles afin de s’y approcher et répondre ainsi à une demande spécifique? 

« Oui, y’a un côté de moi qui suit les tendances, forcément, puisqu’elles nous influencent. Par exemple, en ce moment, je traque les chemises brodées, les petits pulls pastels. Mais mes goûts jouent beaucoup ! Je me fais confiance, je me dis que si j’ai aimé une pièce, d’autres l’aimeront (ou au moins 1 personne aussi folle que moi !). J’aime les pièces qui ont du caractère, un blazer bien coupé, d’une couleur qui change, par exemple. Je suis une folle d’escarpins 80’s. Les talons sont moins hauts, la forme est particulière et les couleurs souvent punchy. Associés à un jean plus contemporain, ça fait un look génial !

Lorsque j’ai commencé, je revenais avec beaucoup de pièces, des choses parfois trop abimées. Maintenant, j’évite les vêtements ou accessoires qui vont nous demander trop de travail : par exemple, les blousons en cuir trop abîmés, ou bien une robe magnifique mais dont la soie est décolorée. Parfois il n’y a plus rien à faire : c’est dur mais il faut laisser la pièce de côté ou la prendre pour faire des chouchous par exemple, si le tissu en vaut la peine.

Et enfin, bien entendu, je me suis spécialisée dans le vintage. Donc pas de fast fashion : pas de zara, h&m dans ma boutique. Je chine exclusivement de belles pièces, à 90% du made in France, ayant 20 ans d’existence minimum et prêtes pour vivre 30, 40 années de plus !

C’est d’ailleurs ce que j’adore dans le vintage : le fait que ça soit des vêtements de qualité, dans des matières nobles et qui ont beaucoup de style ! Vous n’aurez jamais la même robe que la voisine, c’est certain. »

Ca je vous le confirme ! J’ai acheté dans son atelier deux pièces très atypiques que je n’ai jamais vues auparavant ni ailleurs : une cape très « Game of Thrones » ainsi qu’un blazer « Prince » que j’ai nommé le blazer Purple Rain. 

Après la mission chinage qu’elle reconnaît être la partie la plus marrante et exaltante, il y a encore un long chemin à parcourir avant que les articles vous soient présentés et mis en vente.

On commence alors par le nettoyage des pièces, rapidement après achat. Les couleurs, les matières sont triées, elle vérifie si elles peuvent passer en machine (et spoiler alerte by Anaïs: presque tout peut y passer!). Certaines pièces passent parfois jusqu’à une semaine dans un bain de percarbonate pour retrouver leur blanc d’origine (true fact, j’en ai été témoin et c’est bluffant !). Elle évoque d’ailleurs un souvenir très parlant à ce sujet : « Il y a deux ans, quand j’ai commencé, j’ai chiné un blouson Burberry’s couleur bleu layette absolument magnifique. Une rareté, pleine de taches jaunes dues à une mauvaise conservation. J’ai passé tous les soirs de ma semaine, accroupie sur le sol, à frotter les taches avec un mélange de percarbonate. J’ai fini par y arriver ! ça en valait la peine. Il a trouvé sa nouvelle maman très rapidement. J’étais vraiment fière. Ma mère m’aide beaucoup dans cette phase : elle est de bon conseil, et elle s’attèle également au nettoyage de certaines pièces. Ensuite il y a la restauration quand c’est nécessaire (un petit trou, une fermeture éclair ou un bouton à changer, etc). » 

Pour finir, vous retrouvez sur Instagram pour le moment, une vente en story une fois par semaine (généralement le dimanche soir). Les vêtements vous sont présentés portés. Mais devinez combien de temps elle passe derrière ces petits supports visuels : « Je passe 2h à me pomponner, et je défile devant la caméra pour faire des vidéos et des photos. Et parfois j’ai l’immense bonheur de shooter des modèles fabuleux ! ».

Vous commencez donc à comprendre un peu tout le travail derrière les story que vous voyez ?

Bon, puisque nous avons abordé la présentation aux client(e)s, parlons Money Money. Anaïs, dis nous tout ! Comment fixes-tu tes prix et pourquoi ? – DIANTRE NOUS EVOQUONS LE SUJET QUI FÂCHE ! – 

« Ah les prix ! Au début, clairement je ne vendais pas assez cher, je n’ai pas honte de le dire. Et pourtant je passais des heures à traquer les pièces stylées, je faisais des kilomètres en voiture, je les restaurais … Bref il y a beaucoup de travail derrière les vidéos ou les photos Instagram. Je comprends qu’on ne s’en rende pas forcément compte. J’essaie de faire des prix abordables, parce qu’il s’agit de seconde main et qu’on ne doit pas l’oublier. Les robes sont en moyenne à 25€, les chemises à 18€, par exemple. On n’est pas sur du luxe non plus !

Je prends en compte mes heures de boulot et ceux de mes parents. Et j’ai également des frais à couvrir, comme toute entreprise. J’estime aussi que les brocanteuses de la sape, les antiquaires du vêtement comme nous a appelé dernièrement Télérama (et j’ai bien ri), nous proposons un service : nous allons fouiller pour vous, nous trions pour vous, pour vous assurer un vêtement restauré, de qualité et garanti 100% vintage. Et comme tout service, cela a un coût 🙂 »

Well well, vous l’aurez compris, tout travail mérite salaire. Les étapes sont nombreuses, sont longues avant que vous ayez votre joli vêtement tout beau tout propre entre vos mains.

Ce que je tiens aussi à souligner, au-delà des étapes de chinage et de préparation, il y aussi les investissements invisibles et pourtant si significatifs. Au-delà du temps qu’elle investit dans sa boutique en ligne et du temps passer à trouver la matière première que sont les vêtements, Anaïs a du s’équiper petit à petit : portants, cintres, étiquettes en cas de vente physiques, flyers. Elle n’a pas hésité à revendre sa petite voiture pour investir dans un véhicule plus grand lui permettant de ramener plus de pépites : adios la Fiat 500, bonjour Kangoo ! Elle envisage même un éventuel déménagement dans les prochains mois afin d’avoir plus de place pour sa boutique et pour ses stocks. Anaïs en deux mots c’est : engagée et passionnée !

 

Admirative, il est clair que je le suis quand je vois son parcours, son investissement et la qualité des pièces proposées à des prix toujours abordables. Et quand je vois tout cela, je ne souhaite qu’une chose : que l’Atelier 1985 perdure dans l’avenir. D’ailleurs l’avenir, tu le vois comment très chère Anaïs ?

« J’ai quelques projets pour la boutique : cette année, j’aimerais lancer le site internet www.atelier1985.fr  . Actuellement je vends uniquement en story le dimanche soir, j’ai donc envie de développer l’espace de vente. Le site permettra à tous de retrouver les invendus du dimanche soir mais aussi des accessoires, de la petite déco… J’ai hâte ! Et j’espère que la crise sanitaire va trouver une fin heureuse, afin que je reprenne les ventes physiques dans les salons de thé de ma ville adorée.

Et si je dois parler d’avenir plus lointain, alors j’adorerais avoir un lieu physique pour vendre mes trésors. Je suis fière de participer à une pratique vertueuse de la planète : recycler plutôt que de jeter, se vêtir en seconde main plutôt que d’acheter fast-fashion… Ce sont des gestes écoresponsables. Il parait que le marché de la fripe dépassera celui de la fast fashion en 2028 ! Je suis prête ! »

Moi aussi je suis prête et vous ?

Un énorme merci à Anaïs d’avoir pris le temps de répondre à mes questions afin de vous préparer ce petit article, qui je l’espère, aura pu éclairer un peu votre lanterne 🙂

Et si le sujet vous a plus, tant mieux ! Sachez que la partie 2 vous attends bien au chaud pour être publiée dans une semaine tout au plus. Elle sera consacrée à l’aspect accessoires et objets vintage et c’est la sublime Loretta Banana qui est à la tête de « Jolie Cœur Vintage » qui m’a fait l’honneur de répondre à mes questions.

Vous savez ce que ça veut dire : see you very soon !

 

 

J’espère que cet article vous aura convaincu. En attendant la suite des aventures, prenez soin de vous !

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